Un mot, un expert.
Suite à la venue en avril dernier de 5 étudiant.e.s Erasmus architectes, architectes d’intérieur et designer graphique, au Lycée des Métiers du Bâtiment Aristide Berges de Saint-Girons, nous nous sommes aventurés dans une démarche créative pour l’aménagement des laboratoires d’apprentissage, appelée le Design Thinking. Pour aller plus loin sur le sujet , nous avons posé la question à Domenico Di Siena architecte-urbaniste, consultant en Civic Design et incollable sur le domaine qui nous intéresse aujourd’hui.
CONVERSATION
Conversation sur le sujet du Design Thinking dans une voiture quelque part en Ariège, le 6 septembre 2023 avec Domenico Di Siena.
Cécile du Lab Place : Domenico est-ce que tu peux te présenter ?
Domenico Di Siena : Salut Cécile moi c’est Domenico Di Siena, je suis de formation architecte-urbaniste mais mon métier ça a avoir plutôt avec du conseil pour les administrations publiques, les entreprises, les universités et les associations civiques, pour les aider basiquement à collaborer entre eux. En fait mon travail c’est jouer quelque part à casser les barrières qui existent entre les différents domaines, les différents secteurs du territoire qui ne collaborent pas et qui pourraient -au moment où elles collaborent- améliorer et avoir un impact positif sur les territoires.
À présent je développe ça à mon compte et je collabore surtout avec une organisation européenne qui s’appelle Democratic society.
CLP : Dans ton travail, qu’est ce que tu utilises comme méthodologie pour faire en sorte qu’il n’y ai plus ces barrières entre chaque organisation, peu importe son but, son objectif, sa structure ?
DDS : À grande échelle on peut faire référence à un concept qui s’appelle le Design Thinking. Je vais clarifier un peu plus en donnant des idées de référence un peu plus larges. Normalement les experts -moi je disais en me présentant ma formation c’est architecte-urbaniste et normalement nous sommes habitués à que des experts qui travaillent sur des sujets, ou des problématiques, développent des solutions qu’ils mettent à disposition de la société. Donc un architecte, un urbaniste qui travaille avec l’architecture et le territoire normalement est censé être l’expert qui développe des solutions qui après seront utilisés par la société (les bâtiments, la ville, les places, les rues, etc,).
De plus en plus, on se rend compte qu’au lieu d’avoir les seuls experts qui donnent des solutions, ça devient de plus en plus important de travailler directement avec les usagers. Le travail avec eux donne une qualité beaucoup plus haute sur ce quoi on est en train de travailler, cela nous donne des nuances, des détails sur ce que l’on doit solutionner. Même si nous sommes des experts on ne connaît par cœur, on ne connaît pas profondément le contexte, c’est-à-dire concrètement les lieux où l’on va travailler. Les gens qui y habitent ont une connaissance, ils vivent ce lieu tous les jours, que nous les experts on n’a pas.
CLP : C’est chercher comme des retours d’expérience ?
DDS : Exactement
CLP : Pour prendre des décisions après?
DDS : Exactement et sur cette base le Design Thinking essaye d’aller encore plus loin. On commence avec l’idée d’une conversation avec eux pour justement obtenir cette information mais en plus avec le Design thinking on peut les intégrer (les usagers) dans les solutions, donc ça devient participatif, c’est à dire que notre connaissance professionnelle, notre expertise travaille en collaboration avec le terrain et les gens qui vivent dans l’espace. Ça peut être appliqué à n’importe quoi, l’urbanisme, mais ça peut être aussi le développement d’une application pour smartphone, .. Toutes les approches qui visent à produire un service, un produit qui va être utilisé par quelqu’un peut être développé avec le Design Thinking.
CLP : C’est par des enquêtes, des réunions par exemple de voisins… Comment on fait? Quel est l’outil qui peut être utilisé?
DDS : Ça peut être des enquêtes, des questionnaires, des entrevues, .. Ça peut être structuré ou plutôt flexible, par exemple des fois tu sélectionnes des participants qui participent à un atelier, d’autres fois, tu descends directement dans la rue et tu commences à parler avec des gens. C’est bien de poser toujours la même question pour voir ce qui change dans les réponses. La méthode du Design Thinking on l’appelle le double diamant. C’est comme une double flèche, une flèche qui d’abord s’ouvre et après elle se ferme, ça veut dire que tu essaye d’avoir toutes les informations possibles pour avoir un point de départ et avec ça développer des propositions sans te préoccuper du résultat ou de la faisabilité: C’est l’ouverture. Après tu fermes: tu prends toutes les idées et tu dois sélectionner celles qui te semblent le plus réaliste, le plus intéressant.
CLP : Dans ta vie professionnelle ou même personnelle une mise en place de cette méthodologie, de ce concept qui a fonctionné ? Quelque chose où tu peux dire c’est une méthodologie Design Thinking, on a eu ce retour, ça a bien marché d’avoir été solliciter les usagers ?
DDS : Oui oui j’en ai plusieurs et comme je travaille plutôt sur le territoire, j’ai des exemples de développement d’une nouvelle place, d’une nouvelle rue en ville, … qui grâce à cette méthode a permis d’inclure dans la définition des espaces public directement le citoyen. Par exemple, un gros succès c’est un projet que j’ai pu développer en Norvège où il y avait une place abandonnée, plus personne ne l’utilisait, c’était un parking et nous on devait penser comment transformer cette place en une place publique vivante, sans voiture.
C’est très difficile d’enlever les parkings! Ce qu’on a réussi à faire, on a réussi à développer un projet de la place très apprécié par les voisins. On a pu transformer cette place pas seulement physiquement mais aussi socialement en une place très vivante qui est devenue l’essence de la ville. https://ecosistemaurbano.com/dreamhamar/
CLP : On est arrivé à Foix. Merci Domenico pour ce point glossaire du matin!
DOMENICO DI SIENA, ARCHITECTE URBANISTE
https://www.linkedin.com/in/urbanohumano